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L E S A M B I T I O N S D U M U S É E, D’H I E R À A U J O U R D’H U I
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Un conservatoire
du patrimoine
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En reconstituant un intérieur de cuisine vosgien,
André Philippe ouvrit une nouvelle dimension du
musée, celle de rechercher, conserver et mettre en
valeur le « patrimoine du peuple ». Ce projet, dont
la touche « art populaire » s’appliquait aussi bien
à la collection rurale qu’aux statues d’art religieux
fut poursuivi par André Jacquemin épaulé par
d’éminentes personnalités que l’on retrouvait chez
les Amis du musée ou à la Société d’émulation.
Les abbés Marcel Albiser et André Laurent, Jean-
Marie Dumont, Yvan Hutin, Jean-Marie Janot ou
Jacques Strohl accordèrent, pendant plus de vingt
ans, la même attention à la collecte des outils de
ferme qu’à l’étude et la préservation des calvaires
ou des retables aux douze apôtres. Ils parcouraient
le département, repéraient les objets susceptibles
de rejoindre le musée, fréquentaient les salles
des ventes, s’adressant d’abord aux antiquaires,
brocanteurs et ferrailleurs qui avaient recueilli
haches de prairie, coffres, gaufriers, moules à
beurre, enseignes d’auberge, pièges à loup….
Parfois, ils organisaient des causeries en mairie,
en visant un double objectif, faire connaître les
collections du musée et susciter des dons, telles ces
boucles d’oreilles montées avec des perles trouvées
en 1908 dans la rivière du Neuné. C’est ainsi, qu’en
1968, la salle du « folklore », comme on l’appelait
alors, exposa outils, meubles, vêtements, faïences
de l’Est, verreries, et autres témoignages précieux
et irremplaçables de la vie quotidienne des XVIII
e
et XIX
e
siècles.
Conserver en ce lieu emblématique les éléments
signif icatifs du patrimoine vosgien, telle fut l’œuvre
accomplie en deux siècles par des acteurs animés
de science et de passion.