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De la Commission des antiquités
à la Société d’émulation des Vosges
Deux cents ans de collaboration
avec le Musée départemental des Vosges
Le développement des sociétés savantes au
lendemain de la Révolution s’inscrit dans la
tradition des académies du siècle des Lumières,
elles-mêmes émanation des grandes académies
du XVII
e
siècle dont celle des inscriptions et
belles-lettres, fondée en 1701
1
. À la veille de la
Révolution, la France en compte une soixantaine
qui sont supprimées sous la Convention puis
rétablies en 1795 « pour concourir au progrès
des sciences, des lettres, et des arts
2
». Avec la
Restauration, période où l’on éprouve en France
le besoin d’étudier sérieusement l’histoire
nationale, le ministre de l’Intérieur, Decazes,
inspiré par l’Académie royale des inscriptions
et belles-lettres, décide du recensement, dans
chaque département, de toutes les antiquités
gauloises et romaines
3
.
De la Commission préfectorale …
C’est pourquoi le préfet des Vosges, Boula
de Colombiers, institue le 23 juin 1820, une
commission ad hoc qu’il préside lui-même
4
. Elle
se compose, outre des sous-préfets de chaque
arrondissement, de cinq membres résidant au
chef-lieu de préfecture : Parisot, professeur au
collège d’Épinal et conservateur de la bibliothèque
municipale, et, choisis pour leur compétence
en topographie, Vigor, Meschini, Hogard
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et
Jollois. Hormis ce dernier, ingénieur des Ponts
et Chaussées formé à l’archéologie durant la
campagne dÉgypte coordinateur de la publication
du très célèbre ouvrage qui en résulta et secrétaire
nommé de cette assemblée aucun nest familier
avec cette discipline mais tous sont animés dun
tel enthousiasme que les résultats ne pouvaient
manquer
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La commission est bientôt augmentée
de quelques correspondants choisis parmi la
notabilité départementale Mougenot à Bruyères
Gravier, à Saint-Dié, Guery, à Senones, Marc
et Perrin, à Remiremont, Jacquot, à Plombières,
Delpierre, à Mirecourt, Girardin, à L’Étanche, Le
Paige et Mangin, à Darney. Tous sont chargés de
répertorier, commune par commune, les vestiges,
voire d’en ef fectuer les fouilles. Le rapport d’activités
en date du 15 août 1821 livre une longue liste des
travaux déjà réalisés, de ceux en cours mais aussi
de ceux à entreprendre qui vaut à la commission,
dès sa première année d’existence, d’être
honorablement mentionnée dans le rapport annuel
du préfet à l’Académie. Pour assurer la reproduction
des plans et mémoires destinés aux différents
services, la commission fait appel au service d’un
jeune dessinateur, Charles Pensée (f ig. 1), formé
par son oncle Hogard
7
.
Charles Kraemer
1
Charles Pensée (1799-1871)
PLAN D’UNE PARTIE DE LA COMMUNE
DE BLEURVILLE (VOSGES)
(Blederici villa) où sont indiquées les fouilles entreprises
pour la recherche des eaux thermales et
des bâtiments de Bains
1820
Encre noire et aquarelle sur papier
Dépôt de la Société d’émulation du département
des Vosges
1 Amouroux 1995
2 Constitution de 1795 ou de lan III
3 Leniaud 2002
4 Euriat 2013
5 Kraemer 2008
6 Philippe 1925c
7 Nivet 2012
U N E V O C A T I O N U N I V E R S E L L E, L E S O R I G I N E S
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