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À l’origine du Musée départemental des
Vosges se trouve la prestigieuse collection
de peintures des princes de Salm, issue de la
saisie révolutionnaire de 1793. Un dessin à la
pierre noire de François Boucher (f ig. 1) f igurant
une tête de jeune femme
1
et un paysage de
Brueghel de Velours (aujourd’hui disparu)
constituent le noyau originel du fonds de dessin
que deux gravures d’interprétation complètent.
L’inventaire (1832-1878) dressé par Jules Laurent
mentionne l’entrée dans les collections de
quatre planches gravées par François Collignon
2
et Warriot
3
et de soixante-dix-neuf gravures ou
lithographies f igurant des scènes ou personnages
d’après l’antique, des études de nus, ainsi que des
paysages et des études d’arbres
4
.
Ce fonds initial est enrichi en 1900 par l’important
dépôt de la Société d’émulation du département
des Vosges d’une série de dessins de Charles
Pensée (1799-1871) f igurant des paysages vosgiens
(f ig. 2). Quelques années plus tard, la sœur de Louis
Français (1814-1897) fait don au musée d’environ
cent trente dessins de ce célèbre paysagiste de
l’École de Barbizon.
Présente dans les inventaires, mais absente des
catalogues de collections de 1829, 1868 et 1880,
la collection d’arts graphiques apparaît en 1900
comme une section à part entière de « Dessins,
aquarelles, pastels, miniatures, émaux, vitraux, etc. »,
après la peinture et avant la sculpture
5
. Seuls
quarante-et-un dessins sont alors exposés sur les trois
cent quatrevingtseize du cabinet les autres étant
conservés en portefeuilles Le fonds se développe en
1919 avec le dépôt du legs par la ville dÉpinal des
quatrevingt dessins de la collection Oulmont
1
François Boucher (1703-1770)
TÊTE DE VIERGE
XVIII
e
siècle
Pierre noire craie blanche et sanguine sur papier
Ancienne collection Salm
Les collections
d’arts graphiques
1 LI8 2 LV1 3 LV3
4 LVI1 à LVI79 5 Chevreux 1900b
6 6213 7 62141 8 7931 9 8621
10 200831 à 2008315
U N E H I S T O I R E D E P A S S I O N E T D E G É N É R O S I T É — L E S C O L L E C T I O N S E M B L É M A T I Q U E S
Gaëlle Bigoni
Si l’enrichissement du cabinet d’art graphiques
n’a jamais été un axe prioritaire, il s’est pourtant
développé de manière régulière. Des fonds
d’artistes comme ceux de Maurice Marinot, de
la dynastie Guingot ou d’André Jacquemin ont
complété les collections qui comptent aujourd’hui
environ 4 000 œuvres. L’intérêt pour l’imagerie
populaire s’est diversifié autour de la gravure
contemporaine, notamment avec l’entrée dans les
collections de gravures issues du groupe d’artistes
La Jeune Gravure contemporaine, à l’instar de
Pierre Guastalla
6
ou de Mario Avati
7
. Bernard Huin
ne délaisse pas ce domaine de collections qu’il
intègre dans son périmètre de constitution de la
collection d’art contemporain. On lui doit notamment
l’acquisition d’un dessin de Daniel Dezeuze
8
en 1979
et de Denis Oppenheim
9
en 1986. Plus récemment,
le musée départemental a acquis la série de quinze
dessins préparatoires
10
à la création du Mémorial
socio-politique de Jacques Villeglé.
2