40
Le nom d’Épinal, chef-lieu du département
des Vosges, est depuis plus de deux siècles
associé à l’imagerie populaire. Édifier,
décorer, informer, distraire étaient quelques-
unes des vocations de ces gravures aux
couleurs vives, vendues quelques sous aux
populations les plus humbles.
S’il ne fait aucun doute désormais que ce patrimoine
imagier est digne d’intégrer un musée, tel n’était
pas le cas au moment de la création du Musée
départemental des Vosges. Il fallut, dans la seconde
moitié du XIX
e
siècle, la passion d’un Champf leury
pour les arts populaires et pour l’imagerie
1
en
particulier, puis dans les années 1920, les travaux
érudits de Pierre-Louis Duchartre et de René
Saulnier
2
pour que se révèle l’intérêt de constituer
une collection muséale d’envergure nationale. Dans
les années 1930, ces mêmes Duchartre et Saulnier
se rapprochent d’André Philippe, conservateur du
Musée départemental des Vosges, déjà sensibilisé
aux « objets de folklore ». En ef fet, quel lieu plus
propice qu’Épinal, dernier centre imagier français
encore en activité avec l’imagerie Pellerin, pour
rassembler une telle collection ? C’est sous l’égide
de Duchartre, devenu conservateur des musées
nationaux et inspecteur principal des musées de
province et de Henri Guingot, alors à la tête du
musée vosgien, qu’est inauguré en juin 1951 le
musée d’intérêt national de l’Imagerie populaire au
sein du musée départemental. Plus de deux cents
pièces y sont présentées, of frant un panorama déjà
riche des productions imagières françaises depuis
les XV
e
et XVI
e
siècles Cette collection constituée
au gré des achats et des nombreux dons de
particuliers est rapidement enrichie par la volonté
dAndré Jacquemin conservateur à partir de 1953
appuyée par la toute nouvelle Association des
Amis du musée En 1957 cette dernière enrichit
considérablement le fonds initial en acquérant pour
le musée lexceptionnelle collection du professeur
1
Combier (imprimeur)
MUSÉE INTERNATIONAL DE L’IMAGERIE, ÉPINAL
Années 1960, carte postale
Épinal, collection privée F. Henriot
2
François Georgin (graveur)
d’après Claude Louis Desrais (dessinateur)
Pellerin, Épinal (éditeur)
BONNE S
te
FAINÉANTE
PROTECTRICE DES PARESSEUSES
1823 gravure sur bois coloriée au pochoir
Épinal collection Mudaac dépôt au musée de lImage
L’imagerie
populaire
1 Champf leury 1869
2 Duchartre et Saulnier 1925
U N E H I S T O I R E D E P A S S I O N E T D E G É N É R O S I T É — L E S C O L L E C T I O N S E M B L É M A T I Q U E S
Christelle Rochette
strasbourgeois Louis Géry, soit 2 966 images (f ig. 2).
Surtout, elle ouvre la collection aux imageries
étrangères, incitant les autorités à rebaptiser
l’institution, en « musée international de l’Imagerie »
(f ig. 1). Les quelques 7 000 images de la collection
Georges Sadoul entrent de la même manière au
musée en 1960.
Au fil des enrichissements, c’est ainsi 20 246
pièces qui seront déposées par le département
des Vosges auprès de la Ville d’Épinal en 1996, en
vue de la création en 2003 du musée de l’Image,
entièrement dédié cette fois à l’imagerie populaire.
1
2