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Né le 12 mai 1806 à Rocroi, dans les Ardennes,
Alexandre Bretagne fait carrière dans
l’administration des Contributions directes qu’il
intègre comme surnuméraire en 1825. Il devient
directeur de département en 1853, d’abord à
Mende, puis au Puy, à Auxerre, et, à partir de
1859, à Nancy où il termine sa carrière en 1871,
après avoir été décoré de la Légion d’honneur
en 1866
1
.
À Nancy, il se rapproche des sociétés savantes pour
se consacrer à la numismatique et à l’archéologie et
se présente dès que des travaux sont susceptibles
de mettre au jour des objets qui l’intéressent.
Jules Rouyer écrit : « Les terrassiers de l’ancienne
capitale de la Lorraine n’oublieront de longtemps
ce vieillard de haute taille, aux cheveux de neige,
à la physionomie bienveillante et sympathique,
qu’ils ont vu tant de fois à leurs côtés, et qu’ils
auraient pu prendre, par son assiduité, pour
le spectateur obligé de leurs travaux
2
. » Il en
rapporte de nombreux objets qu’il accumule dans
son cabinet, et partage des informations sur ses
découvertes avec le Musée lorrain af in d’enrichir ses
collections. Il publie le résultat de ses recherches
en numismatique et en archéologie ainsi que
sur d’autres sujets comme l’église de Vézelise, les
peignes liturgiques ou encore des bras-reliquaires
3
.
Alexandre Bretagne est lié au Musée départemental
des Vosges où travaille son « ami et collaborateur »
de longue date Jules Laurent
4
, conservateur de 1832
à 1877, lui-même amateur de numismatique. Il lui
fait don de nombreux objets archéologiques comme
les pièces de parure galloromaines provenant de
ChâteauPorcien où furent mis au jour loppidum de
Nandin et une portion de lancienne voie romaine
de Reims à Cologne
5
mais aussi dautres objets
provenant de régions où il exerça avant Nancy
comme Auxerre ou les environs du Puy
Un exemple de bienfaiteur au XIX
e
siècle :
Alexandre Bretagne
1 Rouyer 1892 p 301
2 Ibid p 302303
3 Notamment Bretagne 1860 Bretagne 1863
Bretagne 1873 Bretagne 1874 Bretagne 1879
Bretagne 1880 Bretagne 1890
4 Anonyme 1891 p 482
5 Lambot et Casagrande 1996 p 1722
U N E H I S T O I R E D E P A S S I O N E T D E G É N É R O S I T É — L E S D O N S A U M U S É E
Pierre Gauvain
Les modalités d’acquisition sont alors très libres.
C’est ainsi qu’un crucif ix roman en bronze (f ig. 1) est
échangé contre une monnaie d’argent frappée par
le cardinal Louis de Bar. Une statuette de cavalier
intègre les collections de la même manière, contre
un teston du duc Léopold frappé en 1706. De tels
échanges indiquent la valeur que revêtent ces
monnaies pour ce numismate chevronné.
Alexandre Bretagne est un important personnage
de la numismatique et de l’archéologie en Lorraine
dans la deuxième moitié du XIX
e
siècle. Si les
échanges qu’il fait avec Jules Laurent laissent à
penser qu’il privilégie sa collection personnelle, rien
n’autorise à remettre en cause la générosité dont
il fait preuve dans ses dons sans contrepartie. Au
moins une quarantaine d’objets de sa collection ont
intégré le musée, parmi lesquels une intéressante
bague en or portant l’inscription VTER FELIX (f ig. 2)
trouvée près de Châlons-sur-Marne. À sa mort en
1891, son f ils Ferdinand Bretagne cède au Musée
lorrain d’autres œuvres signif icatives de la collection
de son père.
2
Les œuvres du Don Alexandre Bretagne