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André Philippe
Rigueur et polyvalence
Pierre Gauvain
U N E H I S T O I R E D E P A S S I O N E T D E G É N É R O S I T É — L E S C O N S E R V A T E U R S, D U P E I N T R E A U S P É C I A L I S T E
1 • Archives départementales de la Nièvre, Clamecy :
actes d’état civil 1871-1876. 5Mi14 631.
2 • Anonyme 1901, p. 143.
3 • Partiellement reproduite dans : Philippe 1904.
4 • Marot 1950. — 5 • Philippe 1906a, p. 319.
6 • Philippe 1906b, p. 319.
7 • Résumé dans : Kraemer 2020a, p. 79-80 ; Épinal 2007.
8 Philippe 1925a Philippe 1929 9 Marot 1950 p 197
10 Le Pogam 2010 11 LefèvrePontalis 1906
12 Philippe 1910 LefèvrePontalis 1910
13 Blary 2017 14 Marot 1950 p 197
15 Rothiot 2017 p 130 16 Philippe 1906c Philippe 1909
17 Philippe 1920 Philippe 1935
18 Philippe 1924 Philippe 1925b
19 Kraemer 2020a p 80
20 Marot 1950 21 Doyen 2018 p 356
Né le 29 mai 1875 à Clamecy dans l’Yonne, d’un
père employé et d’une mère au foyer
1
, André
Philippe étudie à l’École des chartes où il obtient
son diplôme en 1901
2
. Après avoir présenté sa
thèse sur L’Architecture religieuse au XI
e
et XII
e
siècles dans l’ancien diocèse d’Auxerre
3
, il hésite
entre une carrière d’archiviste et la peinture,
qu’il continue de pratiquer en parallèle
4
.
Succédant à Paul Chevreux comme conservateur
des archives et du musée le 15 août 1905, il
semble s’inscrire dans la continuité. Il se pose en
gestionnaire, y af f ichant le nouveau règlement dès
1906
5
. Également conservateur de la maison natale
de Jeanne d’Arc à Domremy, il prend en charge
son réaménagement, y intègre une collection
d’estampes johanniques et en rédige le guide
du visiteur
6
. En 1924 est inaugurée, au musée
départemental, la salle Oulmont qu’il fait aménager
à la suite du legs de Paul Oulmont à la ville d’Épinal
7
.
S’il continue l’inventaire élaboré par Paul Chevreux,
il publie en 1929 un monumental catalogue, à la
fois synthétique et précis dans les descriptions, sur
les œuvres de la section des Beaux-Arts
8
. Cet outil
précieux résume et contextualise aussi l’histoire de
la création du musée et de l’accroissement de ses
collections.
André Philippe est également un historien de l’art et
de l’architecture. À l’École des chartes, il avait suivi les
enseignements de Robert de Lasteyrie et d’Eugène
Lefèvre-Pontalis
9
. Des deux, il a retenu l’importance
de l’étude directe des monuments. À l’instar de
Lasteyrie il analyse lédif ice dans sa globalité et le
replace dans son contexte historique
10
Il tient compte
des consignes de Pontalis dans ses notices
11
mais
sait sen écarter dans son article sur léglise dÉpinal
12
Tout comme lui il utilise la photographie qui devient
un outil scientif ique
13
et représente certains de ses
objets détude dont il f ixait la pittoresque silhouette
en des aquarelles vigoureuses
14
André Philippe fait partie des archivistes-
paléographes qui mettent en relation la Société
d’émulation du département des Vosges, dont il est
président à partir de 1920, avec d’autres sociétés
savantes
15
. Il rédige lui-même des études, d’abord
en Lozère
16
, puis surtout dans les Vosges, publiant
notamment des articles consacrés aux vitraux de
l’abbaye d’Autrey et aux retables aux douze apôtres
recensés dans le département
17
. Son champ d’étude
est large, et il s’intéresse à des éléments alors peu
considérés comme les armoires eucharistiques
(f ig. 1) ou encore les cloches vosgiennes, qu’il fait
parfois acquérir par le musée
18
.
Décédé à Eaubonne le 2 novembre 1949, André
Philippe faisait autant preuve de rigueur que de
volonté de transmettre
19
. Cela ne l’empêchait
pas de montrer « une certaine fantaisie
20
» et
de s’engager par ailleurs comme président des
Jeunesses républicaines des Vosges
21
.
2
PORTRAIT
D'ANDRÉ
PHILIPPE
P. Maillet
(1875-1949)
dédicacé à son
adjoint
Jean Kastener
en 1938, cliché
de 1932,
collection
Fabrice Henriot.